Nzenze-Afène Solange1, Mezene Mendome Christelle1, Effame Eya Emmanuel2
1. Département de Parasitologie-Mycologie-Faculté de Médecine-Université des Sciences de la Santé-Libreville- Gabon
2. Biostatisticien- Ministère Santé Publique
RESUME
Introduction
En absence de données sur la pathologie à Malassezia au Gabon, l’objectif de ce travail était de décrire les aspects épidémiologiques, cliniques et mycologiques des mycoses à Malassezia diagnostiquées au laboratoire de Mycologie du Département de Parasitologie-Mycologie (DPM) de l’Université des Sciences de la Santé (USS) au Gabon.
Matériel et Méthodes
Il s’agissait d’une étude rétrospective, descriptive, menée sur 24 ans, de janvier 1989 à Janvier 2014 (année 2000 exclue), à partir des registres et dossiers de malades, archivés dans le DPM de l’USS. Les dossiers inclus étaient ceux de patients qui avaient soit un examen direct des prélèvements positif ou négatif avec culture positive, soit un examen direct positif de scotch test cutané ou de prélèvements de lésions de malasseziose. Les dossiers dont les données cliniques et/ou d’état civil étaient incomplètes, n’ont pas été inclus.
Résultats
Sur un total de 17442 prélèvements de mycoses cutanéo-phanériennes (MCP) diagnostiquées durant la période d’étude, la prévalence des malassezioses a été estimée à 11,5%. Les malassezioses touchaient les 2 sexes et toutes les tranches d’âge, mais cette pathologie a été significativement plus élevée dans la population féminine 67,5% et dans la tranche de 20 à 29 ans (p<0,001).
Cette étude a révélé que les patients étaient majoritairement affectés par le pityriasis capitis (PC) 66,7% suivi du pityriasis versicolor (PV) 23,5%, de la pseudo acné à Malassezia 4,9%, de la folliculite à Malassezia 3,3% et de la dermite séborrhéique (DS) 1,6% (p<0,001). La majorité des formes cliniques touchaient avec prédilection la tranche d’âge de 20 à 29 ans dans les 2 sexes (p<0,001). Concernant les formes cliniques, 94,2% des patients avaient une seule forme clinique, et 5,8% avaient des formes associées. La malasseziose était associée à d’autres mycoses cutanéo-phanériennes dans 18,4% des cas. L’association du pityriasis capitis au psoriasis du cuir chevelu était de 0,4%, celle du pityriasis versicolor au psoriasis du cuir chevelu de 0,6% et celle du pityriasis versicolor à l’eczéma de 5,1% des cas. Concernant les aspects mycologiques, l’examen direct et la culture, étaient tous deux positifs pour la majorité des prélèvements issus de toutes les formes cliniques.
Conclusion
Cette étude révèle que la pathologie à Malassezia, intéresse environ 1 patient sur 10, et affecte 2 fois plus de femmes que d’hommes. Le pityriasis capitis est la forme clinique prévalente dans les deux sexes, mais significativement plus fréquente chez la femme. Le pityriasis versicolor est quant à lui prédominant chez l’homme. L’association à une autre mycose cutanéo-phanérienne est présente chez près de 2 patients sur 10. Par ailleurs l’association au psoriasis du cuir chevelu de même qu’à l’eczéma, est mise en évidence. L’examen direct et la culture confirment la malasseziose dans la majorité des prélèvements. L’acquisition de techniques pour l’identification des espèces, permettra de préciser leur écologie et leur pouvoir pathogène respectifs.
Mots clés : Malasseziose, mycose, pityriasis capitis, versicolor, folliculite, acné.